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ORPHÉE

une disparate tranchante entre l’air et le récitatif, afin de ne pas tronquer à contre-sens la période, ni interrompre mal à propos la force et la chaleur de l’action. »

Il est impossible — on le voit — de définir d’avance plus clairement, plus nettement les nobles et hautes ambitions des musiciens d’aujourd’hui.

Donc, à cent et quelques années de distance, l’effort se renouvelle identique, soulevant les mêmes clameurs, provoquant les mêmes protestations, aboutissant au même but.

Certes, en cet espace de temps, la langue des sons s’est modifiée de manière profonde ; elle s’est considérablement enrichie, et, à cette heure, elle offre à ceux qui s’en servent des ressources dont nul n’a le droit de se priver. Mais sa « fonction » reste pareille, absolument ; on vient de s’en rendre compte. C’est pourquoi, avant de parler d’Orphée, il m’a paru opportun de reproduire simplement et sans y ajouter aucun commentaire les termes précis du manifeste par lequel le fondateur de la tragédie lyrique a promulgué les lois d’un art admirable entre tous, art de vérité, de bon sens et de logique qui, en dépit des malheureux hasards de la mode, malgré les mauvais vouloirs des petits esprits et grâce à la souveraine volonté de la foule, va refleurir