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AVANT-PROPOS

Le Recueil que nous présentons aux bibliophiles et aux amateurs pourra leur offrir en quelque sorte une histoire de la reliure par la reliure elle-même. Cet ouvrage sera le complément naturel et indispensable de toute histoire complète de la reliure aux différentes époques. Malheureusement, un semblable travail, qui offrirait un grand intérêt, tant pour les bibliophiles, les amateurs et les savants, que pour les relieurs eux-mêmes, est encore à faire.

Avant l’invention de l’imprimerie, les manuscrits étaient quelquefois revêtus de reliures de luxe. S’il faut en croire la chronique, Hugues Capet aurait possédé un almanach, écrit sur parchemin, relié en peau de serpent avec lames d’argent. À cette époque, les manuscrits auxquels leur rareté donnait une grande valeur, étaient recouverts de reliures, en velours, en or, en argent, ornées quelquefois de pierres précieuses.

Tout d’abord, l’imprimerie, en répandant à profusion les livres qui jusqu’alors n’étaient accessibles qu’au petit nombre, sembla devoir faire abandonner les reliures de luxe. Mathias Corvin, roi de Hongrie, est le premier qui, pour la reliure des livres de sa bibliothèque, fit employer le maroquin. Depuis, les bibliophiles ont employé pour la reliure de leurs volumes, les étoffes, le satin et même, comme Hunter, la peau humaine. L’art véritable de la reliure ne commence qu’avec Grolier, dont les livres atteignent aujourd’hui dans les ventes des prix si élevés, encore présents à la mémoire des bibliophiles qui nous lisent.

Jean Grolier, bibliophile érudit, trésorier général de France sous François Ier, avait acquis, pendant son séjour à Rome, en qualité d’ambassadeur près du pape Clément VII, bon nombre de livres précieux. L’art et le soin avec lesquels,