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INTRODUCTION

Le goût le plus vif, disons mieux, la passion la plus prononcée en faveur des belles reliures est un des caractères dominants de la bibliophilie contemporaine ; les volumes ayant appartenu à des souverains, à des princes, à des personnages illustres à divers titres obtiennent dans les ventes publiques des prix excessifs ; ils sont cotés presque au poids de l’or sur les catalogues que publie la haute librairie. Cet engouement que nous ne blâmons point, quoique nous en reconnaissions parfois les exagérations, remonte à une date peu éloignée ; les catalogues des plus belles bibliothèques livrées aux enchères pendant la première moitié du siècle, indiquent sans doute si tel ou tel ouvrage est relié en maroquin, mais ils ne mentionnent point le nom du relieur, et à l’époque des ventes d’Ourches (1811) et Mac-Carthy (1816) les mots : Reliure anglaise, étaient un talisman qui provoquait l’émulation des acheteurs.

C’est après 1850 qu’un goût, jusqu’alors peu prononcé, se montra avec une énergie qui devait se développer de plus en plus ; on peut dire que l’initiative de ce mouvement revient au plus célèbre des bibliographes, à l’auteur de ce Manuel du Libraire qu’il suffit de nommer pour en faire l’éloge, à M. Jacques-Charles Brunet.

Ce savant qui avait vu, manié, décrit tant de livres rares et précieux, s’éprit, dans sa vieillesse, des reliures, si parfaites d’ailleurs, exécutées par Deseuil, Boyet, Padeloup, Derome, en un mot par les artistes les plus renommés que le XVIIe siècle puisse offrir en ce genre ; il manifesta