Page:Brunet - Le mariage blanc d'Armandine, contes, 1943.djvu/10

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cousins jusqu’à la cuisine, c’est qu’il espérait que l’on parlerait.

Le mort, c’était le vieux Grenier. La veille, il avait passé, comme un poulet. Pour que Ferdinand et Armandine ne fussent pas le soir chez eux, cela demandait un mort de conséquence. Armandine était petite cousine du vieux, qui avait beau vivre chez les Mathieu : Ferdinand était encore plus proche parent que ces dépensiers. Ferdinand et Armandine n’avaient-ils pas tous les droits à l’héritage, aux piastres que le vieux avait laissées ? Qui ne le savait ? Si le grand-père de Ferdinand n’avait fait vivre deux longues années cet orphelin, quand il n’avait pas 15 ans, aurait-il plus tard acheté ce commerce qui l’avait enrichi ?

Les cousins ne soufflèrent mot. Ils devaient pourtant savoir. Si Ferdinand avait bu cette boisson pour rien ? Deux jours, il en aurait l’estomac dérangé. Il digérait pourtant assez mal déjà.

Cependant, comme pour prendre de l’avance, il avait demandé Armandine. Tout à l’heure, ce vin le convainquait que l’héritage était assuré, et c’est pourquoi il parla, lui si gêné ! Il avait pris une chance, doutant qu’elle accepterait.