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latines, et de ceux où se conserve le goût des livres précieux. D’après cela je me suis cru en droit d’écarter de mes colonnes nombre de livres anciens, qui, bien que d’une certaine rareté, ne peuvent guère trouver place dans les bibliothèques, ni comme ouvrages utiles, ni même comme objets de simple curiosité. J’ai pu pareillement ne pas admettre dans ce Dictionnaire les ouvrages modernes appartenant à la classe des livres faciles à trouver chez les libraires, à des prix ordinaires à peu près fixes ; me réservant d’ailleurs de porter dans ma Table méthodique celles des productions récentes, appartenant à la littérature sérieuse et à la science, qui ont obtenu le plus de succès, ou celles qui se rattachent à des objets d’un grand intérêt. Néanmoins je me suis quelquefois écarté de ce plan pour compléter les notices relatives à quelques auteurs dont on rassemble ordinairement les écrits, pour donner la suite des éditions d’un même ouvrage, pour indiquer les traductions de ceux dont je faisais connaître les originaux, pour trouver l’occasion de décrire certains recueils volumineux, et peut-être aussi par respect pour quelques ouvrages véritablement recommandables, qui, quoique momentanément en discrédit dans le commerce, me semblaient mériter d’être signalés à l’attention des hommes studieux.

Les notices dont se compose ce Dictionnaire sont placées ou sous le nom de l’auteur, ou sous les premiers mots du titre, lorsqu’il s’agit d’ouvrages anonymes. Les ouvrages de chaque auteur gardent entre eux tantôt l’ordre chronologique de leur publication, tantôt l’ordre qu’ils occupent dans la Table méthodique ; quelquefois ils sont placés dans l’ordre alphabétique de leurs titres. Ces titres, qui sont la véritable base de toutes les notices, je me suis attaché à les donner avec exactitude ; et lorsque leur extrême longueur ne m’a pas permis de les reproduire en entier, j’ai tâché du moins de conserver ce qu’ils avaient de plus essentiel. Après les titres viennent ordinairement des notes qui indiquent sommairement le sujet des livres peu connus, donnent l’histoire des éditions de ceux qui ont été réimprimés plusieurs fois, désignent celles de ces éditions qu’il faut choisir, signalent les contrefaçons qui en ont été faites, et prémunissent les acheteurs contre ces ruses trop communes par lesquelles, au moyen de titres rafraîchis, on a cherché à faire passer des éditions anciennes pour des nouvelles, et quelquefois même des ouvrages surannés pour des productions toutes récentes. À ces renseignements utiles succèdent de temps en temps des particularités curieuses, ou des anecdotes littéraires qui font une heureuse diversion aux détails techniques inséparables d’un Dictionnaire du genre du mien, d’un Dictionnaire où l’on ne pouvait se dispenser de faire entrer de minutieux renseignements sur les collections volumineuses, sur les ouvrages composés de pièces séparées, sur le nombre de planches contenues dans des livres difficiles à collationner, de même que sur la quantité de feuillets dont doivent être composés des volumes dépourvus de pagination ou de signatures ; en un mot, sur tout ce qu’on peut appeler le matériel d’un livre. En rédigeant ces notices, je me suis rarement hasardé à porter un jugement sur le mérite des ouvrages, par ce motif qu’à l’égard des productions des auteurs classiques et de celles des savants d’un mérite généralement reconnu, cela était tout à fait inutile, et que sur les productions d’un ordre moins élevé, je ne me reconnaissais le droit de censure que dans les limites de mes connaissances spéciales. Je me suis donc seulement permis de dire que tel ouvrage était estimé, que telle édition était préférable à telle autre ; ce qui n’est que le résumé des jugements émis par les hommes les plus compétents, ou tout au plus le résultat des comparaisons que j’ai été à portée de faire moi-même.