Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/123

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Voici, par exemple, les Chouans [1829], qui ne sont pas, je le dis tout de suite, un de ses bons romans, et qu’en vain a-t-il refaits pour les adapter au plan de la Comédie humaine, ils n’en demeurent pas moins un roman de sa première manière : je veux dire celle qu’il a désavouée. Ce qui fait que les Chouans ne sont pas un des bons romans de Balzac, c’est qu’ils sont historiques à la manière des romans de Walter Scott. On essaie de nous y intéresser à la « résurrection » d’une époque historique, par le moyen d’une donnée sentimentale dont le romanesque passe les bornes de l’invraisemblance ; et le développement de cette donnée rappelle, même à ceux qui ne les ont pas lus, le mélodramatique d’Argow le Pirate et de l’Héritière de Birague. Il y a là des fantômes, il y a des souterrains, il y a des cachettes « pleines d’or » ; il y a aussi des êtres humains à l’épreuve des balles, et même de la baïonnette, aussi longtemps du moins qu’il le faut pour conduire l’intrigue jusqu’à son dénouement. Il y a encore une « courtisane amoureuse » — nous sommes en 1829, — et un « marquis » dont l’amour refait à sa maîtresse une