Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/131

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ralistes », et, surtout, à juste titre, l’un des plus admirés. Car, nous partageons cette admiration ! Seulement, et tandis que ce que l’on y admire le plus, depuis que Taine, dans son Essai sur Balzac, en a comme ramassé et concentré tous les traits sous le grossissement de son style, c’est le caractère de Philippe Bridau, l’un des « monstres » les plus odieux et les plus complets de la Comédie humaine, où il y en a tant, je ne nie pas qu’en effet ce Bridau ne soit une des plus vigoureuses créations de Balzac, et je souscris à tout ce que Taine en a pu dire, mais c’est autre chose que j’apprécie dans un Ménage de Garçon. Je ne m’y intéresse pas moins au commandant Gilet, le tyran redouté d’Issoudun, ou au capitaine Giroudeau qu’au colonel Bridau lui-même. Les silhouettes à peine indiquées du « dragon » Carpentier, de l’ « artilleur » Mignonet, du capitaine Potel ou du capitaine Renard, ne me sont pas indifférentes. J’aime à imaginer d’après elles ce qu’eussent été les Scènes de la Vie militaire. Et, de fait, ce sont là trois ou quatre biographies dont les accidents et la diversité jettent une singu-