Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/243

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seulement plus d’invraisemblance, et des moyens plus fous, comme d’ailleurs dans Hernani, dans Ruy Blas ou dans les Burgraves.

Mais, dira-t-on, Ruy Blas et Rodogune, Bajazet et Hamlet, Œdipe et Agamemnon, c’est de histoire ! et l’histoire… Oui, je sais, l’histoire a tous les droits, sans en excepter celui de fausser la vérité pour l’accommoder aux besoins des poètes ! Après quoi, sommes-nous bien sûrs que ce soit ici de l’histoire ? Et si oui, c’est alors que cette question de moralité ou d’immoralité prend toute son ampleur. Le roman, description et représentation de la vie contemporaine, réclame les mêmes droits que l’histoire, chronique et restitution de la vie du passé. Au nom de quoi les lui refuserons-nous ? Si cette « représentation de la vie » n’était pas avant Balzac l’objet propre et unique du roman, nous avons montré que, depuis lui, et par lui, elle l’était devenue. Elle est devenue non seulement son objet, mais sa raison d’être. Qui limitera l’étendue de cette représentation ? Car les raisons au nom desquelles on essaierait de la limiter condamneraient d’immoralité l’enseignement de l’histoire — elle--