Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/282

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c’est à l’Essai sur Balzac, de Taine, que l’auteur de la Comédie humaine doit, historiquement, d’avoir été tiré tout à fait de pair ; mis de « plusieurs coudées », — il aimait cette expression, — au dessus des romanciers ses contemporains ; et enfin proclamé, « avec Shakespeare et Saint-Simon, le plus grand magasin de documents que nous ayons sur la nature humaine ».

Quand le célèbre Essai de Taine, aussi vigoureux que brillant, n’eût fait que donner le signal de l’adoption de Balzac par la critique universitaire, c’eût été déjà quelque chose. En France, depuis une centaine d’années, l’adoption d’un écrivain par la critique universitaire est, ordinairement, sa consécration ; et, en tout cas, c’est elle qui le met en passe de devenir « classique ». Mais, de plus, on apprenait dans l’Essai de Taine, — et sous la plume d’un ancien normalien, c’était une leçon presque révolutionnaire, — que « le bon style », car il ne disait pas : le style, mais le bon style, « est l’art de se faire écouter et de se faire entendre » ; que « cet art varie quand l’auditoire varie » ; et qu’il y a donc « un nombre