Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/284

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de se montrer difficile, et même quelque peu chicanière, — ce qui ne serait pas un mal si sa grammaire ou sa syntaxe étaient celles de Molière et de Saint-Simon, plutôt que de Condillac et de Marmontel, — la justification de Balzac était complète.

Elle ne l’était pas moins sur un second point, c’est à savoir l’assimilation de « l’histoire sociale » à « l’histoire naturelle » ; et même, à cet égard, on peut se demander si le critique, non content de se faire le défenseur du romancier, ne s’en était pas déjà fait le disciple. « Aux yeux du naturaliste, l’homme n’est point une raison indépendante, supérieure, saine par elle-même, capable d’atteindre par un seul effort la vérité et la vertu, mais une simple force, du même ordre que les autres, recevant des circonstances son degré et sa direction. » Stendhal ou Mérimée l’eussent-ils peut-être admis ? Mais c’est incontestablement ce que n’eussent concédé ni George Sand, ni les romanciers que nous avons vus s’inspirer d’elle. Et, aussi bien, expression de ces idées, — qu’on trouvait alors plus que hardies, presque immorales, — appuyée, précisée, exa-