Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/31

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comme ces Mémoires d’un homme de qualité, de l’abbé Prévost, dont on sait que Manon Lescaut n’est qu’un épisode. Les femmes surtout, — madame de La Fayette au xviie siècle, avec Zayde et la Princesse de Clèves, et au xviiie siècle mademoiselle de La Force, madame de Fontaine, madame de Tencin, mademoiselle de Lussan, — s’étaient exercées dans ce genre de roman. Mais, romanciers ou romancières, leur dessein n’avait été que de « vulgariser » ou de « romancer » les données de l’histoire, quand encore l’histoire ne leur avait pas servi d’un facile prétexte à s’épargner le labeur de l’invention. Ajoutez qu’on trouve tout dans l’histoire, et que, tout ce qu’on y trouve étant… historique ou réel, on défie commodément, du fond d’une vieille « chronique », le reproche d’invraisemblance. Inversement ou réciproquement, quand on a le goût de l’invraisemblable ou du simple romanesque, il n’est que le « situer » dans l’histoire ; et, de là, tant de Mémoires apocryphes et d’Anecdotes suspectes, dont les littératures modernes sont presque toutes encombrées. Mais, si le sens de l’histoire consiste dans la perception des différences qui distinguent les époques ;