Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/314

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pensant bien, il parle souvent mal », a-t-on dit de Molière ! C’est ce qu’on pourrait dire également de Balzac ; et lui aussi, trop souvent, il n’a réussi à exprimer sa pensée qu’au moyen « d’une multitude de métaphores qui approchent du galimatias ». C’est que, comme Molière, nous venons de le voir, il écrit vite, mais, de plus que Molière, il se corrige ; il refait jusqu’à douze ou quinze fois ses romans sur épreuves ; il ajoute, il retranche, il transpose, il superpose à la première expression de sa pensée ce qui lui semble en être une expression « plus écrite » ; il fait du « style » après coup, comme il fait de l’esprit, parce que, dans un roman, on demande de l’esprit et du style ; et, de même qu’en faisant de l’esprit nous avons dit qu’il négligeait souvent d’avoir du goût, c’est ainsi qu’en faisant du « style », il oublie parfois le sens propre des mots, souvent les règles de la grammaire, et les lois mêmes de la syntaxe française.

Est-ce à dire qu’il « ne sache pas écrire » ? On a vu comment Taine l’avait justifié de ce reproche et, sans lui accorder que Balzac « ait su sa langue aussi bien que personne », ni