Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/64

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un singulier bonheur, pour Balzac, à l’âge des amours vulgaires, que d’avoir rencontré madame de Berny. « Il n’y a que le dernier amour d’une femme qui satisfasse le premier d’un homme », a-t-il écrit dans la Duchesse de Langeais. L’éducation sentimentale de Balzac n’a pas été faite, comme celle de la plupart de ses contemporains, au hasard des rencontres de la vie parisienne, par une madame Dudevant, comme l’éducation de Musset, ou par une madame Colet, comme celle de Gustave Flaubert, et encore bien moins par les madame Schontz ou les Malaga de son temps ; mais par une femme qui était « du monde » ; à laquelle il ne semble pas que sa faiblesse ait rien enlevé de la considération qui l’entourait ; et dont la tendresse inquiète, la sollicitude vigilante, l’affection passionnée n’ont sans doute pu qu’épurer une conception de l’amour, qui peut-être, n’eût pas autrement différé beaucoup de celle que l’on retrouve dans les Contes drolatiques. Si je voulais chercher dans son œuvre la femme dont les traits rappelleraient le mieux madame de Berny, je la verrais plutôt dans Marguerite Claës, la victime de la Re-