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MÉCANISME DU SIPHON.

dans l’animal plongé au fond des eaux, étant admise l’hypothèse où cet air demeure constamment renfermé à l’intérieur des chambres. Si le nautile se meut en portant sa coquille à la manière des colimaçons, l’air qui y est contenu a pour effet de la maintenir

    pour rentrer dans la coquille, et compriment le fluide du péricarde de manière à le faire rentrer dans le siphon ; et, comme le contenu de la coquille s’accroît ainsi sans que la capacité de cette dernière subisse aucun changement, le poids spécifique de l’ensemble s’augmente, et l’animal est entraîné au fond des eaux.

    L’air contenu dans chaque chambre demeure ainsi comprimé aussi long-temps que le siphon continue d’être distendu par le fluide péricardial ; mais son élasticité lui fait reprendre son volume primitif aussitôt que la compression du corps cesse d’agir sur le péricarde ; elle concourt, avec la couche musculaire du siphon, à repousser le fluide dans ce dernier sac. La coquille, ayant ainsi perdu de son poids spécifique, tend à revenir vers la surface.

    Le péricarde est donc le lieu qu’occupe naturellement ce fluide, si ce n’est lorsqu’il est chassé et maintenu dans l’intérieur du siphon par la rétraction du corps dans la coquille. Quand les bras et le corps sont développés, soit à la surface, soit au fond de la mer, l’eau a un libre accès dans les cavités branchiales, et les mouvemens du cœur s’exécutent en pleine liberté à l’intérieur du péricarde distendu. Ce dernier organe n’est jamais vide d’une partie du liquide qu’il contient, qu’au moment où le corps est contracté à l’intérieur de la coquille, et où par conséquent l’arrivée de l’eau sur les branchies se trouve arrêtée.

    Les expériences suivantes font voir que la quantité de liquide à ajouter à la coquille du nautile, pour la faire plonger, est d’environ une demi-once.

    J’ai pris deux coquilles complètes de nautile, dont chacune pesait environ six onces et demie dans l’air, et avait à peu près sept pouces dans son plus grand diamètre, et j’ai trouvé, après avoir bouché le siphon avec de la cire, que chaque coquille placée dans l’eau douce exigeait pour s’enfoncer l’addition d’une once et de quelques grains. Comme la coquille fraîche et fixée à l’animal vivant pouvait peser un quart d’once environ de plus que cette même coquille desséchée, et que d’ailleurs le poids du corps de l’animal contracté pouvait dépasser d’un autre quart d’once le poids de l’eau qu’il déplaçait, il reste une demi-once environ pour le poids du liquide qui devait être introduit dans le siphon pour que la coquille plongeât, et c’est là une quantité qui paraît tout à fait en rapport avec la capacité, soit du péricarde, soit du siphon.