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NOTES

Wismar, sur la Baltique ; et qu’une espèce de pâte siliceuse, que l’on désigne sous le nom de silex farineux (kieselguhr) et qui se rencontre en petites masses de la grosseur du poing et de la tête d’un homme, dans une tourbière, à Franzenbad, près d’Eger, se compose presque entièrement des étuis siliceux d’une espèce de navicule, la navicule verte, qui vit maintenant dans l’eau douce aux environs de Berlin, et que l’on rencontre dans un grand nombre d’autres localités. Le kieselguhr de l’Ile-de-France est également presque entièrement formé par des débris d’infusoires, et il en est de même d’une substance que l’on désigne sous le nom de bergmehl, trouvée à San-Fiore, en Toscane. Neuf espèces actuellement existantes ont été reconnues dans le silex farineux de Franzenbad ; 5 dans celui de l’Île-de-France ; 19 dans le silex farineux (berghmel) de San-Fiore ; 4 dans le tripoli de Bilin. Dans chacun de ces cas, ce sont pour la plupart les mêmes espèces qui vivent encore maintenant dans les eaux douces stagnantes ; quelques unes appartiennent aux eaux minérales salées, et un petit nombre se trouvent dans la mer. Le nombre total des espèces fossiles observées est de vingt-huit, dont quatorze se rapprochent des espèces d’infusoires qui vivent maintenant dans l’eau douce, et dont cinq rappellent les espèces marines. Les neuf autres appartiennent probablement à des espèces actuellement vivantes, mais qu’on n’a pas encore découvertes. Dans chacune de ces quatre localités, on observe qu’il y a un eespèce de beaucoup prédominante relativement à toutes les autres, et il n’y a pas deux localités où ce soit la même espèce. Le tripoli de Bilin occupe une surface d’une grande étendue, probablement le fond de quelque ancien lac, et il y forme des couches schisteuses de quatorze pieds d’épaisseur composées presque entièrement par un amas de tests siliceux appartenant à l’espèce Gaillonella distans. Ces tests ont de ligne, le environ de l’épaisseur d’un cheveu, et à peu près le volume d’un globule de sang humain ; vingt-trois millions environ de ces animaux sont donc contenus dans une ligne cube de tripoli, et quarante-un milliards dans un pouce cube. Un pouce cube de tripoli pesant 220 grains, il faut donc 487 millions de ces animaux pour peser un grain ; ou, en d’autres termes, l’enveloppe siliceuse d’un seul de ces animalcules ne pèse qu’environ la cent quatre-vingt-sept millionième partie d’un grain. On a également trouvé des débris siliceux d’infusoires dans le tripoli de Planitz et de Cassel.

M. de Humboldt a récemment communiqué à l’académie des sciences de Paris (février 1857) une lettre du professeur Retzius de Stockholm, dans laquelle ce naturaliste fait savoir à M. Ehrenberg qu’une substance désignée sous le nom de silex farineux (bergmehl), que Berzelius a analysée et décrite en 1833, et qu’il a trouvée contenir de la silice, de la matière animale et de l’acide crénique, sert d’aliment en Laponie, dans des saisons de disette, mêlée à de la farine de blé et d’écorce, pour