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ROCHES STRATIFIÉS PRIMITIVES.

portions inférieures de ces couches que l’on a désignées sous le nom de primitives est un fait en accord avec l’hypothèse qui entre dans la théorie du refroidissement graduel, à savoir que les eaux des océans primitifs étaient trop échauffées pour qu’elles aient pu être habitées par aucune espèce d’êtres organisés[1].

Les conditions les plus anciennes de la terre et des eaux constituent, la géologie nous le fait voir, un ordre de choses incompatible avec toute existence animale ou végétale ; et nous trouvons ainsi dans les phénomènes naturels des témoignages qui établissent ce fait important qu’il existe une limite à partir de laquelle ont commencé toutes les formes que revêt l’existence soit chez les animaux, soit chez les végétaux.

De même que dans les couches suivantes la présence de restes organiques nous fait voir l’intelligence créatrice dans tout son pouvoir, dans toute sa sagesse et dans toute sa bonté, coordonnant les progrès de la vie dans les diverses phases qu’elle a subies à la surface du globe ; de même leur absence dans les couches primitives nous fournit un argument puissant pour établir qu’il y a dans l’histoire de notre planète une époque que nulle recherche ne peut atteindre, si ce ne sont celles de la géologie, et qui précéda toute manifestation de la vie. Cette conclusion est d’autant plus importante qu’elle enlève leur dernier refuge à une foule de philosophes spéculatifs, soit que, dans leurs théories, ils expliquent l’origine des organisations actuellement existantes par une succession éternelle des mêmes espèces, ou qu’ils imaginent des évolutions d’espèces se succédant les unes aux autres, sans interposition d’au-

  1. Aussi long-temps que la température du globe conserva une certaine intensité, l’eau ne put exister que sous forme de gaz ou de vapeurs flottant dans l’atmosphère, tout autour de la surface incandescente du globe.