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SUPPLÉMENT

À LA THÉORIE DE LA TERRE




PARTIE HYPOTHÉTIQUE



PREMIER MÉMOIRE

RECHERCHES SUR LE REFROIDISSEMENT DE LA TERRE ET DES PLANÈTES.



En supposant, comme tous les phénomènes paraissent l’indiquer, que la terre ait autrefois été dans un état de liquéfaction causée par le feu, il est démontré, par nos expériences, que si le globe était entièrement composé de fer ou de matière ferrugineuse[1], il ne se serait consolidé jusqu’au centre qu’en 4 026 ans, refroidi au point de pouvoir le toucher sans se brûler en 46 991 ans ; et qu’il ne se serait refroidi au point de la température actuelle qu’en 100 696 ans ; mais comme la terre, dans tout ce qui nous est connu, nous parait être composée de matières vitrescibles et calcaires qui se refroidissent en moins de temps que les matières ferrugineuses, il faut pour approcher de la vérité autant qu’il est possible, prendre les temps respectifs du refroidissement de ces différentes matières tels que nous les avons trouvés par les expériences du second mémoire, et en établir le rapport avec celui du refroidissement du fer. En n’employant dans cette somme que le verre, le grès, la pierre calcaire dure, les marbres et les matières ferrugineuses, on trouvera que le globe terrestre s’est consolidé jusqu’au centre en 2 905 ans environ, qu’il s’est refroidi au point de pouvoir le toucher en 33 911 ans environ, et à la température actuelle en 74 047 ans environ.

J’ai cru ne devoir pas faire entrer dans cette somme des rapports du refroidissement des matières qui composent le globe, ceux de l’or, de l’argent, du plomb, de l’étain, du zinc, de l’antimoine et du bismuth, parce que ces matières ne font, pour ainsi dire, qu’une partie infiniment petite du globe.

De même je n’ai point fait entrer les rapports du refroidissement des glaises, des ocres, des craies et des gypses, parce que ces matières n’ayant que peu ou point de dureté, et n’étant que des détriments des premières, ne doivent pas être mises au rang de celles dont le globe est principalement composé, qui, prises généralement, sont concrètes, dures et très solides, et que j’ai cru devoir réduire aux matières vitrescibles, calcaires et ferrugineuses, dont le refroidissement, mis en somme d’après la table que j’en ai donnée[2], est à celui du fer : : 50 516 : 70 000 pour pouvoir les toucher, et : : 51 475 : 70 000 pour le point de la température actuelle. Ainsi, en partant de l’état de la liquéfaction, il a dû s’écouler 2 905 ans avant que le globe de la terre fût consolidé jusqu’au centre ; de même il s’est écoulé 33 911 ans avant que sa surface fût assez refroidie pour pouvoir la toucher,

  1. Premier et huitième Mémoires.
  2. Second Mémoire.