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qu’à 397 877 lieues : et tous les quatre se trouvent, à très peu près, dans le plan de l’équateur de leur planète principale, et circulent dans le même sens autour d’elle[1]. Au reste, la matière qui compose le globe de Jupiter est elle-même beaucoup moins dense que celle de la terre. Les planètes voisines du soleil sont les plus denses ; celles qui en sont les plus éloignées sont en même temps les plus légères : la densité de la terre est à celle de Jupiter comme 1 000 sont à 292 ; et il est à présumer que la matière qui compose ses satellites est encore moins dense que celle dont il est lui-même composé[2].

Saturne, qui probablement tourne sur lui-même encore plus vite que Jupiter, a non seulement produit cinq satellites, mais encore un anneau qui, d’après mon hypothèse, doit être parallèle à son équateur, et qui l’environne comme un pont suspendu et continu à 54 000 lieues de distance : cet anneau, beaucoup plus large qu’épais, est composé d’une matière solide, opaque et semblable à celle des satellites ; il s’est trouvé dans le même état de fusion, et ensuite d’incandescence ; chacun de ces vastes corps ont conservé cette chaleur primitive, en raison composée de leur épaisseur et de leur densité, en sorte que l’anneau de Saturne, qui paraît être le moins épais de tous les corps célestes, est celui qui aurait perdu le premier sa chaleur propre, s’il n’eût pas tiré de très grands suppléments de chaleur de Saturne même, dont il est fort voisin ; ensuite la lune et les premiers satellites de Saturne et de Jupiter, qui sont les plus petits des globes planétaires, auraient perdu leur chaleur propre, dans des temps toujours proportionnels à leur diamètre, après quoi les plus gros satellites auraient de même perdu leur chaleur, et tous seraient aujourd’hui plus refroidis que le globe de la terre, si plusieurs d’entre eux n’avaient pas reçu de leur planète principale une chaleur immense dans les commencements ; enfin les deux grosses planètes, Saturne et Jupiter, conservent encore actuellement une très grande chaleur en comparaison de celle de leurs satellites, et même de celle du globe de la terre.

Mars, dont la durée de rotation est de vingt-quatre heures quarante minutes, et dont la circonférence n’est que treize vingt-cinquièmes de celle de la terre, tourne une fois plus lentement que le globe terrestre, sa vitesse de rotation n’étant guère que de trois lieues par minute ; par conséquent sa force centrifuge a toujours été moindre de plus de moitié que celle du globe terrestre ; c’est par cette raison que Mars, quoique moins dense que la terre dans le rapport de 730 à 1 000, n’a point de satellites.

  1. M. Bailly a montré, par des raisons très plausibles, tirées du mouvement des nœuds des satellites de Jupiter, que le premier de ces satellites circule dans le plan même de l’équateur de cette planète, et que les trois autres ne s’en écartent pas d’un degré. Mémoires de l’Académie des sciences, année 1766.
  2. J’ai, par analogie, donné aux satellites de Jupiter et de Saturne la densité relative qui se trouve entre la terre et la lune, c’est-à-dire de 1 000 à 702. Voyez le premier Mémoire sur la température des planètes, p. 348.