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schistes spathiques ne diffèrent en effet entre eux que par la plus ou moins grande quantité de matière calcaire qu’ils contiennent. Ceux où la substance argileuse est presque pure ont le grain semblable à celui du schiste pur[1] ; mais ceux où la matière calcaire ou spathique abonde offrent à leur cassure un grain brillant, écailleux, avec un tissu fibreux[2], et même montrent distinctement dans leur texture une figuration spathique en lames rectangulaires, striées ; et c’est dans ce dernier état que quelques auteurs ont donné à leur pierre de corne le nom de horn-blende, et que Wallerius l’a indiquée sous la dénomination de corneus spathosus.

Les schistes spathiques sont en général assez tendres, et le plus dur de ces schistes spathiques ou pierres de corne est celle que les Suédois ont appelée trapp (escalier), parce que cette pierre se casse par étages ou plans superposés, comme les marches d’un escalier[3]. La pierre de corne commune est moins dure que le trapp : quelques autres pierres de corne sont si tendres qu’elles se laissent entamer avec l’ongle[4]. Leur couleur varie entre le gris et le noir ; il s’en trouve aussi de vertes, de rouges, de diverses teintes. Toutes sont fusibles à un degré de feu assez modéré, et donnent en se fondant un verre noir et compact. Wallerius observe qu’en humectant ces pierres, elles rendent une odeur d’argile :

    subordonnée, il ne s’agit que de lui assigner une épithète spécifique, qui la classe et la distingue dans son genre ; et comme le nom de spath, malgré les raisons qu’il y aurait eu de ne l’appliquer qu’à une seule substance, paraît avoir été adopté pour désigner des substances très différentes, je croirais qu’il serait à propos d’appeler les prétendues pierres de corne, schistes spathiques, puisqu’en effet leur texture offre toujours une cristallisation plus ou moins apparente en forme de spath.

  1. M. de Saussure, Voyage dans les Alpes, t. Ier, p. 69.
  2. Corneus fissilis. Wallerius, sp. 170.
  3. « On trouve le trapp dans plusieurs endroits de la Suède, souvent dans des montagnes de première formation, remplissant des veines étroites et d’une structure si subtile que ses particules sont impalpables ; quand il est noir, il sert comme la pierre de touche, à éprouver l’or et l’argent ; il n’y a dans ces montagnes aucun vestige de feu souterrain…

    » On en rencontre aussi dans les montagnes par couches, surtout dans celles d’Ostrogothie ; il porte sur une couche de pierre calcaire pleine d’animaux marins pétrifiés ; cette dernière couche est posée sur un lit de pierre sablonneuse, qui est couchée horizontalement sur le granit…

    » Dans les monts Kinne-Kulle, Billigen et Mœsberg, cette couche de trapp est ordinairement en pente ; dans ceux de Hunne et de Halleberg, elle s’élève comme un mur perpendiculaire, de plus de cent pieds de haut, rempli de fentes, tant horizontales que verticales, qui donnent naissance à des prismes pour la plupart quadrangulaires : immédiatement sous cette couche, on trouve un schiste noir parallèle à l’horizon, ce qui éloigne toute idée de regarder le trapp comme le produit d’un incendie volcanique. » Extrait de M. Bergmann, dans le Journal de Physique, septembre 1780. — Le même M. Bergmann, dans sa lettre à M. de Troïl (Lettres sur l’Islande, p. 448), s’exprime ainsi : « Dans toutes les montagnes disposées par couches qui se trouvent dans la Vestrogothie, la couche supérieure est de trapp, placée sur une ardoise noire ; il n’y a nulle apparence que cette matière de trapp ait jamais été fondue. » Mais quand ensuite cet habile chimiste veut attribuer au basalte la même origine, il se trompe ; car il est certain que le basalte a été fondu, et son idée sur l’identité du trapp et du basalte, fondée sur la ressemblance de leurs produits dans l’analyse, ne prouve rien autre chose, sinon que le feu a pu, comme l’eau, envelopper, confondre les mêmes matières.

    Le trapp, suivant M. de Morveau, contient beaucoup de fer ; il a tiré quinze par cent de fer d’un morceau de trapp qui lui avait été envoyé de Suède par M. Bergmann : celui-ci assure que le trapp se fond au feu sans bouillonnement, que l’alcali minéral le dissout par la voie sèche avec effervescence, et que le borax le dissout sans effervescence. Opuscules de M. Bergmann, t. II, diss. 25.

  4. Idem, ibidem, p. 70.