Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/398

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était garnie de poils longs et touffus. La queue était de deux pouces plus courte que celle de la brebis.

Au commencement de l’année 1752, j’obtins de l’union du bouc avec les brebis huit autres mulets, dont six mâles et deux femelles ; il en est mort deux avant qu’on ait pu les examiner, mais ils ont paru ressembler à ceux qui ont vécu et que nous allons décrire en peu de mots. Il y en avait deux, l’un mâle et l’autre femelle, qui avaient quatre mamelons, deux de chaque côté comme les boucs et les chèvres ; et, en général, ces mulets avaient du poil long sous le ventre et surtout sous la verge comme les boucs, et aussi du poil long sur les pieds, principalement sur ceux de derrière ; la plupart avaient aussi le chanfrein moins arqué que les agneaux ne l’ont d’ordinaire, les cornes des pieds plus ouvertes, c’est-à-dire la fourche plus large et la queue plus courte que les agneaux[1].

J’ai rapporté, dans l’article du chien, les tentatives que j’ai faites pour unir un chien avec une louve : on peut voir toutes les précautions que j’avais cru devoir prendre pour faire réussir cette union ; le chien et la louve n’avaient tous deux que trois mois au plus, lorsqu’on les a mis ensemble et enfermés dans une assez grande cour sans les contraindre autrement et sans les enchaîner. Pendant la première année ces animaux vivaient en paix et paraissaient s’aimer. Dans la seconde année ils commencèrent à se disputer la nourriture, quoiqu’il y en eût au delà du nécessaire ; la querelle venait toujours de la louve. Après la seconde année les combats devinrent plus fréquents ; pendant tout ce temps la louve ne donna aucun signe de chaleur ; ce ne fut qu’à la fin de la troisième année qu’on s’aperçut qu’elle avait les mêmes symptômes que les chiennes en chaleur : mais loin que cet état les rapprochât l’un de l’autre, ils n’en devinrent tous deux que plus féroces, et le chien au lieu de couvrir la louve finit par la tuer. De cette épreuve j’ai cru pouvoir conclure que le loup n’est pas tout à fait de la même nature que le chien, que les espèces sont assez séparées pour ne pouvoir les rapprocher aisément, du moins dans ces climats. Et je m’exprime dans les termes suivants : « Ce n’est pas que je prétende, d’une manière décisive et absolue, que le renard et la louve ne se soient jamais, dans aucun temps ni dans aucun climat, mêlés avec le chien ; les anciens l’assurent assez positivement pour qu’on puisse avoir encore sur cela quelques doutes, malgré les épreuves que je viens de rapporter, et j’avoue qu’il faudrait un plus grand nombre de pareilles épreuves pour acquérir sur ce fait une certitude entière. » J’ai eu raison de mettre restriction à mes conclusions, car M. le marquis de Spontin-Beaufort, ayant tenté cette même union du chien et de la louve, a très bien réussi, et dès lors il a trouvé et suivi mieux que moi les routes et les moyens que la nature se réserve pour rapprocher quelque-

  1. Note communiquée par M. Daubenton, de l’Académie des sciences.