Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/446

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De ces huit louveteaux il y en avait six roux, qui par cette couleur ressemblaient, dit-on, à un chien du voisinage, et ils avaient les oreilles à demi pendantes ; cela fonde la présomption qu’ils pouvaient provenir de ce chien ; mais il y en avait un septième dont le poil était grisâtre, et qui par conséquent pouvait provenir du loup. Le huitième, qui était noir, pouvait aussi provenir d’un loup : car cette coulour noire n’est qu’une variété qui se trouve quelquefois dans l’espèce du loup, comme je l’ai dit, article du Loup noir.

TROISIÈME EXEMPLE DU PRODUIT D’UN CHIEN ET D’UNE LOUVE.
Extrait d’une lettre de M. de Cerjal, à Lausanne, au baron de Woellwarth, à Paris.

« Si vous voyez M. le comte de Buffon, je vous prie de lui dire que personne ne peut mieux que moi attester la vérité d’une note de la vingt et unième page de son Histoire des animaux quadrupèdes, ayant moi-même dressé deux petits provenus d’un chien d’arrêt et de la fille du loup dont lord Pembroke avait écrit à M. Bourgelas ; qu’avec beaucoup de peine et de douceur je les avais amenés à chasser et arrêter de compagnie avec une trentaine de chiens d’arrêt ; qu’ils avaient du nez, mais, du reste, toutes les mauvaises qualités du loup ; qu’il a fallu beaucoup de temps pour leur apprendre à rapporter, et qu’étant grondés le moins du monde ils se retiraient derrière mon cheval et ne chassaient plus de quelques heures ; et que n’étant que très médiocrement bons, je ne les ai gardés qu’en faveur de leur naissance peu commune, et les ai ensuite rendus à lord Pembroke. »

QUATRIÈME EXEMPLE DU PRODUIT D’UN CHIEN ET D’UNE LOUVE.

« Il a été attaqué, le 11 août 1784, dans les bois de Sillegny, à trois lieues de Metz, un jeune loup mâle qui a été pris en plaine, après une heure de chasse, par l’équipage de la louveterie. Le pelage de ce loup n’est pas semblable à celui des loups ordinaires ; il est plus rouge, et approche de celui du chien ; sa queue est conforme à celle du loup ; ses oreilles, au lieu d’être droites, sont tombantes depuis le milieu de l’oreille jusqu’aux extrémités ; ses yeux sont plus grands que ceux des loups ordinaires, dont il paraît différer aussi par le regard ; l’extrémité de ses pieds de derrière près des ongles est blanche, et en tout cet animal paraît tenir autant du chien que du loup, ce qui ferait présumer qu’il a été engendré par une louve couverte par un chien.