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Page:Buffon - Histoire naturelle, 1st edition, vol. 1, 1749.djvu/100

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de grandes profondeurs, ne font pas attention que le flux & le reflux ébranlent & agitent à la fois toute la masse des mers, & que dans un globe qui feroit entièrement liquide il y auroit de l’agitation & du mouvement jusqu’au centre ; que la force qui produit celui du flux & du reflux, est « une force pénétrante qui agit sur toutes les parties proportionnellement à leurs masses ; qu’on pourroit même mesurer & déterminer par le calcul la quantité de cette action sur un liquide à différentes profondeurs, & qu’enfin ce point ne peut être contesté qu’en se refusant à l’évidence du raisonnement & à la certitude des observations. Je puis donc supposer légitimement que le flux & le reflux, les vents & toutes les autres causes qui peuvent agiter la mer, doivent produire par le mouvement des eaux, des éminences & des inégalités dans le fond de la mer, qui feront toujours composées de couches horizontales, ou également inclinées ; ces éminences pourront avec le temps augmenter considérablement, & devenir des collines qui dans une longue étendue de terrein se trouveront, comme les ondes qui les auront produites, dirigées du même sens, & formeront peu à peu une chaîne de montagnes. Ces hauteurs une fois formées feront obstacle à l’uniformité du mouvement des eaux, & il en résultera des mouvemens particuliers dans le mouvement général de la mer. Entre deux hauteurs voisines il se formera nécessairement un courant [1] qui suivra leur direction commune, & coulera comme coulent

  1. Voyez les preuves, art. 13.