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Page:Buffon - Histoire naturelle, 1st edition, vol. 1, 1749.djvu/20

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Manière de traiter

préliminaires sur les méthodes qu’on a imaginées pour faciliter l’intelligence de l’Histoire Naturelle : ces méthodes sont très-utiles, lorsqu’on ne les emploie qu’avec les restrictions convenables ; elles abrègent le travail, elles aident la mémoire, et elles offrent à l’esprit une suite d’idées, à la vérité composées d’objets différents entr’eux, mais qui ne laissent pas d’avoir des rapports communs, et ces rapports forment des impressions plus fortes que ne pourraient faire des objets détachés qui n’auraient aucune relation. Voilà la principale utilité des méthodes, mais l’inconvénient est de vouloir trop allonger ou trop resserrer la chaîne, de vouloir soumettre à des lois arbitraires les lois de la Nature, de vouloir la diviser dans des points où elle est indivisible, et de vouloir mesurer ses forces par notre faible imagination. Un autre inconvénient qui n’est pas moins grand, et qui est le contraire du premier, c’est de s’assujettir à des méthodes trop particulières, de vouloir juger du tout par une seule partie, de réduire la Nature à de petits systèmes qui lui sont étrangers, et de ses ouvrages immenses en former arbitrairement autant d’assemblages détachés ; enfin de rendre, en multipliant les noms et les représentations, la langue de la science plus difficile que la Science elle-même.

Nous sommes naturellement portés à imaginer en tout une espèce d’ordre et d’uniformité, et quand on n’examine que légèrement les ouvrages de la Nature, il parait à cette première vue, qu’elle a toujours travaillé sur un même plan : comme nous ne connaissons nous-mêmes

Tome I.

B