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Page:Buffon - Histoire naturelle, 1st edition, vol. 1, 1749.djvu/28

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l’Histoire Naturelle

qui s’élèvent à cent pieds de hauteur, et d’autres espèces de chêne qui ne s’élèvent jamais à plus de deux pieds ; il en est de même, proportion gardée, des châtaigniers, des pins, des aloés, et d’une infinité d’autres espèces de plantes. On ne doit donc pas, a-t-on dit, déterminer les genres des plantes par leur grandeur, puisque ce signe est équivoque et incertain, et l’on a abandonné avec raison cette méthode. D’autres sont venus ensuite, qui, croyant faire mieux, on dit : il faut, pour connaître les plantes, s’attacher aux parties les plus apparentes, et comme les feuilles sont ce qu’il y a de plus apparent, il faut arranger les plantes par la forme, la grandeur et la position des feuilles. Sur ce projet, on a fait une autre méthode ; on l’a suivie pendant quelque temps, mais ensuite on a reconnu que les feuilles de presque toutes les plantes varient prodigieusement selon les différents âges et les différents terrains, que leur forme n’est pas plus constante que leur grandeur, que leur position est encore plus incertaine ; on a donc été aussi peu content de cette méthode que de la précédente. Enfin quelqu’un a imaginé, et je crois que c’est Gesner, que le Créateur avait mis dans la fructification des plantes un certain nombre de caractères différents et invariables, et que c’était de ce point dont il fallait partir pour faire une méthode ; et comme cette idée s’est trouvée vraie jusqu’à un certain point, en sorte que les parties de la génération des plantes se sont trouvées avoir quelques différences plus constantes que toutes les autres parties de la plante, prises séparément, on a vu tout d’un coup