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Page:Buffon - Histoire naturelle, 1st edition, vol. 1, 1749.djvu/66

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fondées sur des suppositions que nous ayions faites, elles ne sont appuyées que sur des faits ; une suite de faits semblables ou, si l’on veut, une répétition fréquente & une succession non interrompue des mêmes évènemens, fait l’essence de la vérité physique : ce qu’on appelle vérité physique n’est donc qu’une probabilité, mais une probabilité si grande qu’elle équivaut à une certitude. En Mathématique on suppose, en Physique on pose & on établit ; là ce sont des définitions, ici ce sont des faits ; on va de définitions en définitions dans les Sciences abstraites, on marche d’observations en observations dans les Sciences réelles ; dans les premières on arrive à l’évidence, dans les dernières à la certitude. Le mot de vérité comprend l’une & l’autre, & répond par conséquent à deux idées différentes, sa signification est vague & composée, il n’étoit donc pas possible de la définir généralement, il falloit, comme nous venons de le faire, en distinguer les genres afin de s’en former une idée nette.

Je ne parlerai pas des autres ordres de vérités ; celles de la Morale, par exemple, qui sont en partie réelles & en partie arbitraires, demanderoient une longue discussion qui nous éloigneroit de notre but, & cela d’autant plus qu’elles n’ont pour objet & pour fin que des convenances & des probabilités.

L’évidence mathématique & la certitude physique sont donc les deux seuls points sous lesquels nous devons considérer la vérité ; dès qu’elle s’éloignera de l’une ou de l’autre, ce n’est plus que vraisemblance & probabilité.