Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T01.djvu/111

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

RÉPONSE

À M. LE CHEVALIER DE CHATELUX,

Le jour de sa réception à l’Académie Françoise, le jeudi 27 avril 1775



Monsieur,

On ne peut qu’accueillir avec empressement quelqu’un qui se présente avec autant de grâce ; le pas que vous avez fait en arrière sur le seuil de ce temple, vous a fait couronner avant d’entrer au sanctuaire[1] ; vous veniez à nous, et votre modestie nous a mis dans le cas d’aller tous au devant : arrivez en triomphe, et ne craignez pas que j’afflige cette vertu qui vous est chère ; je vais même la satisfaire en blâmant à vos yeux ce qui seul peut la faire rougir.

La louange publique, signe éclatant du mérite, est une monnoie plus précieuse que l’or, mais qui perd son prix et même devient vile, lorsqu’on la convertit en effets de commerce. Subissant autant de déchet par le change, que le métal, signe de notre richesse, acquiert de valeur par la circulation, la louange réciproque, nécessairement exagérée, n’offre-t-elle pas un commerce suspect entre particuliers, et peu digne d’une compagnie dans laquelle il doit suffire d’être

  1. M. le chevalier de Chatelux, qui étoit désiré par l’Académie, et qui en conséquence s’étoit présenté, se retira pour engager M. de Malesherbes à passer avant lui.