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ART. X. FLEUVES.

eaux de la mer jusqu’à des distances considérables : il y a donc, dans ce cas, deux mouvements contraires dans l’eau du fleuve ; le milieu, qui forme le courant, se précipite vers la mer, et l’action de la marée forme un contre-courant, un remous, qui fait remonter l’eau qui est voisine des bords, tandis que celle du milieu descend ; et comme alors toute l’eau du fleuve doit passer par le courant qui est au milieu, celle des bords descend continuellement vers le milieu, et descend d’autant plus qu’elle est plus élevée et refoulée avec plus de force par l’action des marées.

Il y a deux espèces de remous dans les fleuves. Le premier, qui est celui dont nous venons de parler, est produit par une force vive, telle qu’est celle de l’eau de la mer dans les marées, qui non seulement s’oppose comme obstacle au mouvement de l’état du fleuve, mais comme corps en mouvement, et en mouvement contraire et opposé à celui du courant de l’eau du fleuve ; ce remous fait un contre-courant d’autant plus sensible que la marée est plus forte. L’autre espèce de remous n’a pour cause qu’une force morte, comme celle d’un obstacle, d’une avance de terre, d’une île dans la rivière, etc. Quoique ce remous n’occasione pas ordinairement un contre-courant bien sensible, il l’est cependant assez pour être reconnu, et même pour fatiguer les conducteurs de bateaux sur les rivières. Si cette espèce de remous ne fait pas toujours un contre-courant, il produit nécessairement ce que les gens de rivière appellent une morte, c’est-à-dire des eaux mortes, qui ne coulent pas comme le reste de la rivière, mais qui tournoient de façon que