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THÉORIE DE LA TERRE.

Les plus grands fleuves de l’Europe sont le Wolga, qui a environ 650 lieues de cours depuis Reschow

    d’abord de voir que toutes ces roues tournoient plus vite la nuit que le jour, et que la différence étoit d’autant plus grande que la colonne d’eau étoit plus haute et plus large. Par exemple, si l’eau a six pieds de chute, c’est-à-dire si le biez près de la vanne a six pieds de hauteur d’eau, et que l’ouverture de la vanne ait deux pieds de hauteur, la roue tournera pendant la nuit, d’un dixième et quelquefois d’un neuvième plus vite que pendant le jour ; et s’il y a moins de hauteur d’eau, la différence entre la vitesse pendant la nuit et pendant le jour sera moindre, mais toujours assez sensible pour être reconnue. Je me suis assuré de ce fait, en mettant des marques blanches sur les roues, et en comptant avec une montre à secondes le nombre de leurs révolutions dans un même temps, soit la nuit, soit le jour, et j’ai constamment trouvé, par un très grand nombre d’observations, que le temps de la plus grande vitesse des roues étoit l’heure la plus froide de la nuit, et qu’au contraire celui de la moindre vitesse étoit le moment de la plus grande chaleur du jour : ensuite j’ai de même reconnu que la vitesse de toutes les roues est généralement plus grande en hiver qu’en été. Ces faits, qui n’ont été remarqués par aucun physicien, sont importants dans la pratique. La théorie en est bien simple : cette augmentation de vitesse dépend uniquement de la densité de l’eau, laquelle augmente par le froid et diminue par le chaud ; et, comme il ne peut passer que le même volume par la vanne, il se trouve que ce volume d’eau, plus dense pendant la nuit et en hiver qu’il ne l’est pendant le jour ou en été, agit avec plus de masse sur la roue, et lui communique par conséquent une plus grande quantité de mouvement. Ainsi, toutes choses étant égales d’ailleurs, on aura moins de perte à faire chômer ses usines à l’eau pendant la chaleur du jour, et à les faire travailler pendant la nuit : j’ai vu dans mes forges que cela ne laissoit pas d’influer d’un douzième sur le produit de la fabrication du fer.

    Une seconde observation, c’est que de deux roues, l’une plus voisine que l’autre du biez, mais du reste parfaitement égales, et toutes deux mues par une égale quantité d’eau qui passe par des vannes égales, celle des roues qui est la plus voisine du biez tourne toujours plus vite que l’autre qui en est plus éloignée, et à laquelle l’eau ne peut arriver qu’après avoir parcouru un certain espace dans le courant particulier qui aboutit à cette roue. On sent bien que le frottement de