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THÉORIE DE LA TERRE.

Il y a d’autres endroits où l’on a remarqué des sources bitumineuses et des couches de bitume au fond de la mer, et sur la terre il y a une grande quantité de ces sources qui portent le bitume mêlé avec l’eau dans la mer. À la Barbade, il y a une source de bitume pur qui coule des rochers jusqu’à la mer ; le sel et le bitume sont donc les matières dominantes dans l’eau de la mer : mais elle est encore mêlée de beaucoup d’autres matières ; car le goût de l’eau n’est pas le même dans toutes les parties de l’Océan. D’ailleurs l’agitation et la chaleur du soleil altèrent le goût naturel que devroit avoir l’eau de la mer ; et les couleurs différentes des différentes mers, et des mêmes mers en différents temps, prouvent que l’eau de la mer contient des matières de bien des espèces, soit qu’elle les détache de son propre fond, soit qu’elles y soient amenées par les fleuves.

Presque tous les pays arrosés par de grands fleuves sont sujets à des inondations périodiques, surtout les pays bas et voisins de leur embouchure ; et les fleuves qui tirent leurs sources de fort loin, sont ceux qui débordent le plus régulièrement. Tout le monde a entendu parler des inondations du Nil : il conserve dans un grand espace, et fort loin dans la mer, la douceur et la blancheur de ses eaux. Strabon et les autres anciens auteurs ont écrit qu’il y avoit sept embouchures, mais aujourd’hui il n’en reste que deux qui soient navigables ; il y a un troisième canal qui descend à Alexandrie pour remplir les citernes, et un quatrième canal qui est encore plus petit. Comme on a négligé depuis fort long-temps de nettoyer les canaux, ils se sont comblés. Les anciens employoient à ce travail