Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T02.djvu/133

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
127
ART. X. FLEUVES.

a environ 400 pas de circonférence : mais, précisément dans son milieu, elle est partagée en deux par une île fort étroite et d’un demi-quart de lieue de long, qui y aboutit. Il est vrai que ces deux parties ne tardent pas à se rejoindre : celle qui étoit de mon côté, et qu’on ne voyoit que de profil, a plusieurs pointes qui avancent ; mais celle que je découvrois en face me parut fort unie. Le baron de La Hontan y ajoute un torrent qui vient de l’ouest : il faut que dans la fonte des neiges les eaux sauvages viennent se décharger là par quelque ravine, etc.[1]. »

Il y a une autre cataracte à trois lieues d’Albanie, dans la province de la Nouvelle-York, qui a environ 50 pieds de hauteur perpendiculaire, et de cette chute d’eau il s’élève aussi un brouillard dans lequel on aperçoit un léger arc-en-ciel, qui change de place à mesure qu’on s’en éloigne ou qu’on s’en approche.

En général, dans tous les pays où le nombre d’hommes n’est pas assez considérable pour former des sociétés policées, les terrains sont plus irréguliers et le lit des fleuves plus étendu, moins égal, et rempli de cataractes. Il a fallu des siècles pour rendre le Rhône et la Loire navigables. C’est en contenant les eaux, en les dirigeant, et en nettoyant le fond des fleuves, qu’on leur donne un cours assuré ; dans toutes les terres où il y a peu d’habitants, la nature est brute, et quelquefois difforme.

Il y a des fleuves qui se perdent dans les sables, d’autres qui semblent se précipiter dans les entrailles de la terre : le Guadalquivir en Espagne, la rivière de Gottemburg en Suède, et le Rhin même, se perdent

  1. Tome III, pages 332 et suivantes.