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ART. XI. MERS ET LACS.

de 250 lieues d’étendue dans les terres, et le second est la mer Rouge, qui en a plus de 680 en comptant depuis l’île de Socotora. On doit regarder ces deux bras comme deux mers méditerranées, en les prenant au delà des détroits d’Ormus et de Babelmandel ; et quoiqu’elles soient toutes deux sujettes à un grand flux et reflux, et qu’elles participent par conséquent aux mouvements de l’Océan, c’est parce qu’elles ne sont pas éloignées de l’équateur, où le mouvement des marées est beaucoup plus grand que dans les autres climats, et que d’ailleurs elles sont toutes deux fort longues et fort étroites. Le mouvement des marées est beaucoup plus violent dans la mer Rouge que dans le golfe Persique, parce que la mer Rouge, qui est près de trois fois plus longue et presque aussi étroite que le golfe Persique, ne reçoit aucun fleuve dont le mouvement puisse s’opposer à celui du flux, au lieu que le golfe Persique en reçoit de très considérables à son extrémité la plus avancée dans les terres. Il paroit ici assez visiblement que la mer Rouge a été formée par une irruption de l’Océan dans les terres ; car si on examine le gisement des terres au dessus et au dessous de l’ouverture qui lui sert de passage, on verra que ce passage n’est qu’une coupure, et que de l’un et de l’autre côté de ce passage les côtes suivent une direction droite et sur la même ligne, la côte d’Arabie depuis le cap Razalgat jusqu’au cap Fartaque étant dans la même direction que la côte d’Afrique depuis le cap de Guardafui jusqu’au cap de Sands.

À l’extrémité de la mer Rouge est cette fameuse langue de terre qu’on appelle l’isthme de Suez, qui fait une barrière aux eaux de la mer Rouge et empê-