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THÉORIE DE LA TERRE.

ville d’Arsinoé ; qu’il le faisoit ouvrir et fermer selon qu’il en avoit besoin. Sans que je prétende vouloir nier ces faits, je suis obligé d’avouer qu’ils me paroissent douteux, et je ne sais pas si la violence et la hauteur des marées dans la mer Rouge ne se seroient pas nécessairement communiquées aux eaux de ce canal ; il me semble qu’au moins il auroit fallu de grandes précautions pour contenir les eaux, éviter les inondations, et beaucoup de soin pour entretenir ce canal en bon état : aussi les historiens qui nous disent que ce canal a été entrepris et achevé, ne nous disent pas s’il a duré ; et les vestiges qu’on prétend en reconnoître aujourd’hui, sont peut-être tout ce qui en a jamais été fait. On a donné à ce bras de l’Océan le nom de mer Rouge, parce qu’elle a en effet cette couleur dans tous les endroits où il se trouve des madrépores sur son fond : voici ce qui est rapporté dans l’Histoire générale des Voyages, tome I, pages 198 et 199. « Avant que de quitter la mer Rouge, D. Jean examina quelles peuvent avoir été les raisons qui ont fait donner ce nom au golfe Arabique par les anciens, et si cette mer est en effet différente des autres par la couleur. Il observa que Pline rapporte plusieurs sentiments sur l’origine de ce nom : les uns le font venir d’un roi nommé Érythros, qui régna dans ces cantons, et dont le nom en grec signifie rouge ; d’autres se sont imaginé que la réflexion du soleil produit une couleur rougeâtre sur la surface de l’eau ; et d’autres, que l’eau du golfe a naturellement cette couleur. Les Portugais, qui avoient déjà fait plusieurs voyages à l’entrée des détroits, assuroient que toute la côte d’Arabie étant fort rouge, le sable et la poussière qui s’en