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THÉORIE DE LA TERRE.

que la chose est impossible et qu’elle répugne à toutes les notions que l’on a sur le mouvement des eaux. D’ailleurs Greaves, dans sa Pyramidographie, pages 101 et 102, prouve, par des expériences bien faites, qu’il n’y a dans le Bosphore aucun courant inférieur dont la direction soit opposée au courant supérieur. Ce qui a pu tromper Marsigli et les autres c’est que dans le Bosphore, comme dans le détroit de Gibraltar et dans tous les fleuves qui coulent avec quelque rapidité, il y a un remous considérable le long des rivages, dont la direction est ordinairement différente, et quelquefois contraire à celle du courant principal des eaux.

* J’ai dit trop généralement et assuré trop positivement, qu’il ne se trouvoit pas dans la mer des endroits où les eaux eussent un courant inférieur opposé et dans une direction contraire au mouvement du courant supérieur : j’ai reçu depuis des informations qui semblent prouver que cet effet existe et peut même se démontrer dans certaines plages de la mer ; les plus précises sont celles que M. Deslandes, habile navigateur, a eu la bonté de me communiquer par ses lettres des 6 décembre 1770 et 5 novembre 1773, dont voici l’extrait :

« Dans votre Théorie de la terre, art. xi, Des mers et des lacs, vous dites que quelques personnes ont prétendu qu’il y avoit, dans le détroit de Gibraltar, un double courant, supérieur et inférieur, dont l’effet est contraire ; mais que ceux qui ont eu de pareilles opinions auront sans doute pris des remous qui se forment au rivage par la rapidité de l’eau, pour un courant véritable, et que c’est une hypothèse mal fondée. C’est d’après la lecture de ce passage que je me dé-