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ART. XI. MERS ET LACS.

que celles de l’Océan. Les tempêtes y sont aussi fort dangereuses, et les grands bâtiments n’y sont pas d’usage pour la navigation, parce qu’elle est peu profonde et semée de bancs et d’écueils au dessous de la surface de l’eau. Voici ce qu’en dit Pietro della Valle : « Les plus grands vaisseaux que l’on voit sur la mer Caspienne, le long des côtes de la province de Mazande en Perse, où est bâtie la ville de Ferhabad, quoiqu’ils les appellent navires, me paroissent plus petits que nos tartanes ; ils sont fort hauts de bord, enfoncent peu dans l’eau, et ont le fond plat : ils donnent aussi cette forme à leurs vaisseaux, non seulement à cause que la mer Caspienne n’est pas profonde à la rade et sur les côtes, mais encore parce qu’elle est remplie de bancs de sable, et que les eaux sont basses en plusieurs endroits ; tellement que si les vaisseaux n’étoient fabriqués de cette façon, on ne pourroit pas s’en servir sur cette mer. Certainement je m’étonnois, et avec quelque fondement, ce me semble, pourquoi ils ne pêchoient à Ferhabad que des saumons qui se trouvent à l’embouchure du fleuve, et de certains esturgeons très mal conditionnés, de même que de plusieurs autres sortes de poissons qui se rendent à l’eau douce, et qui ne valent rien ; et comme j’en attribuois la cause à l’insuffisance qu’ils ont en l’art de naviguer et de pêcher, ou la crainte qu’ils avoient de se perdre s’ils pêchoient en haute mer, parce que je sais d’ailleurs que les Persans ne sont pas d’habiles gens sur cet élément, et qu’ils n’entendent presque pas la navigation, le kan d’Esterabad, qui fait sa résidence sur le port de mer, et à qui par conséquent les raisons n’en sont pas inconnues par