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THÉORIE DE LA TERRE.

une seule et même substance ; mais j’ai cru devoir employer les deux dénominations, parce qu’il y a bien des gens qui en font deux matières différentes. Il en est de même des cailloux et des grès en grande masse : je les regarde comme des espèces de rocs vifs ou de granites, et je les appelle cailloux en grande masse, parce qu’ils sont disposés, comme la pierre calcinable, par couches, et pour les distinguer des cailloux et des grès que j’appelle en petite masse, qui sont les cailloux ronds et les grès que l’on trouve à la chasse, comme disent les ouvriers, c’est-à-dire les grès dont les bancs n’ont pas de suite et ne forment pas des carrières continues et qui aient une certaine étendue. Ces grès et ces cailloux sont d’une formation plus nouvelle, et n’ont pas la même origine que les cailloux et les grès en grande masse, qui sont disposés par couches. J’entends par la dénomination d’ardoise, non seulement l’ardoise bleue que tout le monde connoît, mais les ardoises blanches, grises, rougeâtres, et tous les schistes. Ces matières se trouvent ordinairement au dessous de l’argile feuilletée, et semblent n’être en effet que de l’argile, dont les différentes petites couches ont pris corps en se desséchant, ce qui a produit les délits qui s’y trouvent. Le charbon de terre, la houille, le jais, sont des matières qui appartiennent aussi à l’argile, et qu’on trouve sous l’argile feuilletée ou sous l’ardoise. Par le mot de tuf, j’entends non seulement le tuf ordinaire qui paroît troué, et, pour ainsi dire, organisé, mais encore toutes les couches de pierre qui se sont faites par le dépôt des eaux courantes, toutes les stalactites, toutes les incrustations, toutes les espèces de pierres fondantes :