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THÉORIE DE LA TERRE.

marbre en Italie ; on en voit dans les pierres dont sont bâtis les plus anciens édifices des Romains ; il y en a dans les montagnes du Tyrol et dans le centre de l’Italie, au sommet du mont Paterne, près de Bologne, dans les mêmes endroits qui produisent cette pierre lumineuse qu’on appelle la pierre de Bologne ; on en trouve dans des collines de la Pouille ; dans celles de la Calabre, en plusieurs endroits de l’Allemagne et de la Hongrie, et généralement dans tous les lieux élevés de l’Europe[1].

En Asie et en Afrique, les voyageurs en ont remarqué en plusieurs endroits : par exemple, sur la montagne de Castravan au dessus de Barut, il y a un lit de pierre blanche, mince comme de l’ardoise, dont chaque feuille contient un grand nombre et une grande diversité de poissons ; ils sont la plupart fort plats et fort comprimés, comme est la fougère fossile ; et ils sont cependant si bien conservés, qu’on y remarque parfaitement jusqu’aux moindres traits des nageoires, des écailles, et de toutes les parties qui distinguent chaque espèce de poisson. On trouve de même beaucoup d’oursins de mer et de coquilles pétrifiées entre Suez et le Caire, et sur toutes les collines et les hauteurs de la Barbarie ; la plupart sont exactement conformes aux espèces qu’on prend actuellement dans la mer Rouge[2]. Dans notre Europe on trouve des poissons pétrifiés en Suisse, en Allemagne, dans la carrière d’Oningen, etc.

La longue chaîne de montagnes, dit M. Bourguet, qui s’étend d’occident en orient, depuis le fond du Portugal jusqu’aux parties les plus orientales de la

  1. Voyez sur cela Stenon, Ray, Woodward, etc.
  2. Voyez les Voyages de Shaw, vol. II, pages 70 et 84.