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ART. XIV. VENTS RÉGLÉS.

par la diminution de la charge ou poids incombant, et par conséquent l’air doit être aussi dense sur les sommets froids des montagnes que dans les plaines. Je serois même porté à croire que l’air y est plus dense, puisqu’il semble que les vents y soient plus violents, et que les oiseaux qui volent au dessus de ces sommets de montagnes semblent se soutenir dans les airs d’autant plus aisément qu’ils s’élèvent plus haut.

De là je pense qu’on peut conclure que l’air libre est à peu près également dense à toutes les hauteurs, et que l’atmosphère aérienne ne s’étend pas à beaucoup près aussi haut qu’on l’a déterminée, en ne considérant l’air que comme une masse élastique, comprimée par le poids incombant : ainsi l’épaisseur totale de notre atmosphère pourroit bien n’être que de trois lieues, au lieu de quinze ou vingt comme l’ont dit les physiciens[1].

Nous concevons alentour de la terre une première couche de l’atmosphère, qui est remplie de vapeurs qu’exhale ce globe, tant par sa chaleur propre que

  1. Albazen, par la durée des crépuscules, a prétendu que la hauteur de l’atmosphère est de 44,331 toises. Kepler, par cette même durée, lui donne 41,110 toises.

    M. de La Hire, en parlant de la réfraction horizontale de 32 minutes, établit le terme moyen de la hauteur de l’atmosphère à 34,585 toises.

    M. Mariotte, par ses expériences sur la compressibilité de l’air, donne à l’atmosphère plus de 30,000 toises.

    Cependant, en ne prenant pour l’atmosphère que la partie de l’air où s’opère la réfraction, ou du moins presque la totalité de la réfraction, M. Bouguer ne trouve que 5158 toises, c’est-à-dire deux lieues et demie ou trois lieues ; et je crois ce résultat plus certain et mieux fondé que tous les autres.