Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T02.djvu/274

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
268
THÉORIE DE LA TERRE.

qu’on voit sur les montagnes de la Table, ou du Diable, ou du Vent y est composé, si je ne me trompe, d’une infinité de petites particules poussées premièrement contre les montagnes du Cap, qui sont à l’est, par les vents d’est qui régnent pendant presque toute l’année dans la zone torride ; ces particules ainsi poussées sont arrêtées dans leur cours par ces hautes montagnes, et se ramassent sur leur côté oriental ; alors elles deviennent visibles, et y forment de petits monceaux ou assemblages de nuages, qui, étant incessamment poussés par le vent d’est, s’élèvent au sommet de ces montagnes. Ils n’y restent pas long-temps tranquilles et arrêtés ; contraints d’avancer, ils s’engouffrent entre les collines qui sont devant eux, où ils sont serrés et pressés comme dans une manière de canal : le vent les presse au dessous, et les côtés opposés des deux montagnes les retiennent à droite et à gauche. Lorsqu’en avançant toujours ils parviennent au pied de quelque montagne où la campagne est un peu plus ouverte, ils s’étendent, se déploient, et deviennent de nouveau invisibles ; mais bientôt ils sont chassés sur les montagnes par les nouveaux nuages qui sont poussés derrière eux, et parviennent ainsi, avec beaucoup d’impétuosité, sur les montagnes les plus hautes du Cap, qui sont celles du Vent et de la Table, où règne alors un vent tout contraire : là il se fait un conflit affreux, ils sont poussés par derrière et repoussés par devant ; ce qui produit des tourbillons horribles, soit sur les hautes montagnes dont je parle, soit dans la vallée de la Table, où ces nuages voudroient se précipiter. Lorsque le vent de nord-ouest a cédé le champ de bataille, celui de sud-est augmente et continue de