Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T02.djvu/281

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
275
ART. XV. VENTS IRRÉGULIERS, OURAGANS.

terre avoit été enlevée paroissoit un trou épouvantable, et que le village fut entièrement enterré par cette terre transportée[1]. » On peut voir dans l’Histoire de l’Académie des Sciences et dans les Transactions philosophiques le détail des effets de plusieurs ouragans qui paroissent inconcevables, et qu’on auroit de la peine à croire, si les faits n’étoient attestés par un grand nombre de témoins oculaires, véridiques, et intelligents.

Il en est de même des trombes, que les navigateurs ne voient jamais sans crainte et sans admiration. Ces trombes sont fort fréquentes auprès de certaines côtes de la Méditerranée, surtout lorsque le ciel est fort couvert, et que le vent souffle en même temps de plusieurs côtés ; elles sont plus communes près des caps de Laodicée, de Grecgo, et de Carmel, que dans les autres parties de la Méditerranée. La plupart de ces trombes sont autant de cylindres d’eau qui tombent des nues, quoiqu’il semble quelquefois, surtout quand on est à quelque distance, que l’eau de la mer s’élève en haut.

Mais il faut distinguer deux espèces de trombes. La première, qui est la trombe dont nous venons de parler, n’est autre chose qu’une nuée épaisse, comprimée, resserrée, et réduite en un petit espace par des vents opposés et contraires, lesquels, soufflant en même temps de plusieurs côtés, donnent à la nuée la forme d’un tourbillon cylindrique, et font que l’eau tombe tout à la fois sous cette forme cylindrique ; la quantité d’eau est si grande et la chute en est si pré-

  1. Bellarminus, de ascensu mentis in Deum.