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ART. XV. VENTS IRRÉGULIERS, OURAGANS.

buer la tiédeur de la mer de la Chine en hiver, où ces typhons sont très fréquents[1].

Nous allons donner quelques exemples de la manière dont ils se produisent. Voici ce que dit Thévenot dans son Voyage du Levant : « Nous vîmes des trombes dans le golfe Persique entre les îles Quésomo, Laréca, et Ormus. Je crois que peu de personnes ont considéré les trombes avec toute l’attention que j’ai faite dans la rencontre dont je viens de parler, et peut-être qu’on n’a jamais fait les remarques que le hasard m’a donné lieu de faire ; je les exposerai avec toute la simplicité dont je fais profession dans tout le récit de mon voyage, afin de rendre les choses plus sensibles et plus aisées à comprendre.

» La première qui parut à nos yeux étoit du côté du nord ou tramontane, entre nous et l’île Quésomo, à la portée d’un fusil du vaisseau ; nous avions alors la proue à grec levant ou nord-est. Nous aperçûmes d’abord en cet endroit l’eau qui bouillonnoit et étoit élevée de la surface de la mer d’environ un pied ; elle étoit blanchâtre, et au dessus paroissoit comme une fumée noire un peu épaisse, de manière que cela ressembloit proprement à un tas de paille où l’on auroit mis le feu, mais qui ne feroit encore que fumer : cela faisoit un bruit sourd, semblable à celui d’un torrent qui court avec beaucoup de violence dans un profond vallon ; mais ce bruit étoit mêlé d’un autre un peu plus clair, semblable à un fort sifflement de serpents ou d’oies. Un peu après nous vîmes comme un canal obscur qui avoit assez de ressemblance à une fumée qui va montant aux nues en tournant avec beau-

  1. Voyez Acta erud. Lips. supp., tome I, page 405.