Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T02.djvu/285

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
279
ART. XV. VENTS IRRÉGULIERS, OURAGANS.

ques endroits ; même ils n’étoient pas perpendiculaires : au contraire, depuis les nues où ils paroissoient entés jusqu’aux endroits où ils tiroient l’eau, ils étoient fort inclinés ; et ce qui est de plus particulier, c’est que la nue où étoit attachée la seconde de ces trois ayant été chassée du vent, ce canal la suivit sans se rompre et sans quitter le lieu où il tiroit l’eau, et passant derrière le canal de la première, ils furent quelque temps croisés comme en sautoir, ou en croix de Saint-André. Au commencement ils étoient tous trois gros comme le doigt, si ce n’est auprès de la nue qu’ils étoient plus gros, comme j’ai déjà remarqué ; mais dans la suite celui de la première de ces trois se grossit considérablement : pour ce qui est des deux autres, je n’en ai autre chose à dire, car la dernière formée ne dura guère davantage qu’avoit duré celle que nous avions vue du côté du nord. La seconde du côté du midi dura environ un quart d’heure : mais la première de ce même côté dura un peu davantage, et ce fut celle qui nous donna le plus de crainte ; et c’est de celle-là qu’il me reste encore quelque chose à dire. D’abord son canal étoit gros comme le doigt ; ensuite il se fit gros comme le bras, et après comme la jambe, et enfin comme un gros tronc d’arbre, autant qu’un homme pourroit embrasser. Nous voyions distinctement au travers de ce corps transparent l’eau qui montoit en serpentant un peu, et quelquefois il diminuoit un peu de grosseur, tantôt par haut et tantôt par bas : pour lors il ressembloit justement à un boyau rempli de quelque matière fluide que l’on presseroit avec les doigts, ou par haut pour faire descendre cette liqueur, ou par bas pour