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ART. XV. VENTS IRRÉGULIERS, OURAGANS.

décrit M. Shaw : « Les trombes, dit-il[1], que j’ai eu occasion de voir, m’ont paru autant de cylindres d’eau qui tomboient des nuées, quoique par la réflexion des colonnes qui descendent, ou par les gouttes qui se détachent de l’eau qu’elles contiennent et qui tombent, il semble quelquefois, surtout quand on en est à quelque distance, que l’eau s’élève de la mer en haut. Pour rendre raison de ce phénomène, on peut supposer que les nuées étant assemblées dans un même endroit par des vents opposés, ils les obligent, en les pressant avec violence, de se condenser et de descendre en tourbillons. »

Il reste beaucoup de faits à acquérir avant qu’on puisse donner une explication complète de ces phénomènes ; il me paroît seulement que s’il y a sous les eaux de la mer des terrains mêlés de soufre, de bitume et de minéraux, comme l’on n’en peut guère douter, on peut concevoir que ces matières venant à s’enflammer produisent une grande quantité d’air[2] comme en produit la poudre à canon ; que cette quantité d’air nouvellement généré et prodigieusement raréfié s’échappe et monte avec rapidité, ce qui doit élever l’eau et peut produire ces trombes qui s’élèvent de la mer vers le ciel : et de même si, par l’inflammation des matières sulfureuses que contient un nuage, il se forme un courant d’air qui descende perpendiculairement du nuage vers la mer, toutes les parties aqueuses que contient le nuage peuvent suivre le courant d’air et former une trombe qui tombe du ciel sur la

  1. Tome II, page 56.
  2. Voyez l’Analyse de l’air de M. Hales, et le Traité de l’artillerie de M. Robins.