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THÉORIE DE LA TERRE.

fouillé, et d’avoir rapporté les témoignages des auteurs d’histoire naturelle : comme on pourroit les soupçonner d’apercevoir, en vue de quelques systèmes, des coquilles où il n’y en a point, nous croyons devoir encore citer les voyageurs qui en ont remarqué par hasard, et dont les yeux moins exercés n’ont pu reconnoître que les coquilles entières et bien conservées ; leur témoignage sera peut-être d’une plus grande autorité auprès des gens qui ne sont pas à portée de s’assurer par eux-mêmes de la vérité des faits, et de ceux qui ne connoissent ni les coquilles ni les pétrifications, et qui n’étant pas en état d’en faire la comparaison, pourroient douter que les pétrifications fussent en effet de vraies coquilles, et que ces coquilles se trouvassent entassées par millions dans tous les climats de la terre.

    de différentes grandeurs. J’y ai vu beaucoup d’holothuries et d’autres pierres de forme régulière, et parfaitement ressemblantes. Tout ceci sembloit me dire fort intelligiblement que ce pays-ci avoit été anciennement le lit de la mer, qui, par quelque révolution soudaine, s’en est retirée et y a laissé ses productions comme dans beaucoup d’autres endroits. Cependant je suspondois mon jugement à cause des objections de M. de Voltaire. Pour y répondre, j’ai voulu joindre l’expérience à l’observation. »

    Le P. Chabenat rapporte ensuite plusieurs expériences pour prouver que les coquilles qui se trouvent dans le sein de la terre sont de la même nature que celles de la mer ; je ne les rapporte pas ici, parce qu’elles n’apprennent rien de nouveau, et que personne ne doute de cette identité de nature entre les coquilles fossiles et les coquilles marines. Enfin le P. Chabenat conclut et termine son mémoire en disant : « On ne peut donc pas douter que toutes ces coquilles qui se trouvent dans le sein de la terre, ne soient de vraies coquilles et des dépouilles des animaux de la mer qui couvroit autrefois toutes ces contrées, et que par conséquent les objections de M. de Voltaire ne soient mal fondées. » (Add. Buff.)