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THÉORIE DE LA TERRE.

minutes : le mouvement étoit plus considérable dans les montagnes que dans les vallées. En 1688, le 10 de juillet, il y eut un tremblement de terre à Smyrne qui commença par un mouvement d’occident en orient. Le château fut renversé d’abord, ses quatre murs s’étant entr’ouverts et enfoncés de six pieds dans la mer. Ce château, qui étoit un isthme, est à présent une véritable île éloignée de la terre d’environ cent pas, dans l’endroit où la langue de terre a manqué : les murs qui étoient du couchant au levant sont tombés ; ceux qui alloient du nord au sud sont restés sur pied. La ville, qui est à dix milles du château, fut renversée presque aussitôt ; ont vit en plusieurs endroits des ouvertures à la terre, on entendit divers bruits souterrains : il y eut de cette manière cinq ou six secousses jusqu’à la nuit ; la première dura environ une demi-minute : les vaisseaux qui étoient à la rade furent agités, le terrain de la ville abaissé de deux pieds ; il n’est resté qu’environ le quart de la ville, et principalement les maisons qui étoient sur des rochers : on a compté quinze ou vingt mille personnes accablées par ce tremblement de terre. En 1695, dans un tremblement de terre qui se fit sentir à Bologne en Italie, on remarqua, comme une chose particulière, que les eaux devinrent troubles un jour auparavant.

« Il se fit un si grand tremblement de terre à Tercère, le 4 mai 1614, qu’il renversa en la ville d’Angra onze églises et neuf chapelles, sans les maisons particulières ; et en la ville de Praya il fut si effroyable, qu’il n’y demeura presque pas une maison debout ; et le 16 juin 1628, il y eut un si horrible tremblement