Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T02.djvu/317

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
311
ART. XVI. VOLCANS ET TREMBLEMENTS DE TERRE.

le Monte di Cenere auprès de Pouzzol, remplit en même temps le lac Lucrin de pierres, de terres, et de cendres ; de sorte qu’actuellement ce lac est un terrain marécageux.

Il y a des tremblements de terre qui se font sentir au loin dans la mer. M. Shaw rapporte qu’en 1724, étant à bord de la Gazelle, vaisseau algérien de cinquante canons, on sentit trois violentes secousses l’une après l’autre, comme si, à chaque fois, on avoit jeté d’un endroit fort élevé un poids de vingt ou trente tonneaux sur le lest : cela arriva dans un endroit de la Méditerranée où il y avoit plus de deux cents brasses d’eau. Il rapporte aussi que d’autres avoient senti des tremblements de terre bien plus considérables en d’autres endroits, et un entre autres à quarante lieues ouest de Lisbonne.

Schouten, en parlant d’un tremblement de terre qui se fit aux îles Moluques, dit que les montagnes furent ébranlées, et que les vaisseaux qui étoient à l’ancre sur trente et quarante brasses, se tourmentèrent comme s’ils se fussent donné des culées sur le rivage, sur des rochers, ou sur des bancs. « L’expérience, continue-t-il, nous apprend tous les jours que la même chose arrive en pleine mer où l’on ne trouve point de fond, et que quand la terre tremble, les vaisseaux viennent tout d’un coup à se tourmenter jusque dans les endroits où la mer étoit tranquille[1]. » Le Gentil, dans son Voyage autour du monde, parle des tremblements de terre dont il a été témoin, dans les termes suivants : « J’ai, dit-il, fait quelques remarques sur

  1. Voyez tome VI, page 103.