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ART. XVI. VOLCANS ET TREMBLEMENTS DE TERRE.

bancs de sable connus ; quelquefois aussi ils en créent où il n’y en avoit pas.

Il y a des tremblements de terre qui s’étendent très loin, et toujours plus en longueur qu’en largeur : l’un des plus considérables est celui qui se fit ressentir au Canada en 1663 ; il s’étendit sur plus de deux cents lieues de longueur et cent lieues de largeur, c’est-à-dire sur plus de vingt mille lieues superficielles. Les effets du dernier tremblement de terre du Portugal se sont fait de nos jours ressentir encore plus loin : M. le chevalier de Saint-Sauveur, commandant pour le roi à Merueis, a dit à M. de Gensanne qu’en se promenant à la rive gauche de la Jouante, en Languedoc, le ciel devint tout à coup fort noir, et qu’un moment après il aperçut au bas du coteau qui est à la rive droite de cette rivière, un globe de feu qui éclata d’une manière terrible. Il sortit de l’intérieur de la terre un tas de rochers considérables, et toute cette chaîne de montagnes se fendit depuis Merueis jusqu’à Florac, sur près de six lieues de longueur : cette fente a, dans certains endroits, plus de deux pieds de largeur, et elle est en partie comblée. Il y a d’autres tremblements de terre qui semblent se faire sans secousses et sans grande émotion. Kolbe rapporte que, le 24 septembre 1707, depuis huit heures du matin jusqu’à dix heures, la mer monta sur la contrée du cap de Bonne-Espérance, et en descendit sept fois de suite, et avec une telle vitesse, que d’un moment à l’autre la plage étoit alternativement couverte et découverte par les eaux.

Je puis ajouter, au sujet des effets des tremblements de terre et de l’éboulement des montagnes par l’af-