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THÉORIE DE LA TERRE.

dant deux ou trois ans, sans faire aucun dommage, parce que tout retomboit sur ce volcan ou autour de sa base.

En 1728, le feu s’étant communiqué à quelques montagnes situées près du Krafle, elles brûlèrent pendant plusieurs semaines. Lorsque les matières minérales qu’elles renfermoient furent fondues, il s’en forma un ruisseau de feu qui coula fort doucement vers le sud, dans les terrains qui sont au dessous de ces montagnes. Ce ruisseau brûlant s’alla jeter dans un lac, à trois lieues du mont Krafle, avec un grand bruit, et en formant un bouillonnement et un tourbillon d’écume horrible. La lave ne cessa de couler qu’en 1729, parce qu’alors vraisemblablement la matière qui la formoit étoit épuisée. Ce lac fut rempli d’une grande quantité de pierres calcinées, qui firent considérablement élever ses eaux : il a environ vingt lieues de circuit, et il est situé à une pareille distance de la mer. On ne parlera pas des autres volcans d’Islande ; il suffit d’avoir fait remarquer les plus considérables.

On voit, par cette description, que rien ne ressemble plus aux volcans secondaires de l’Etna que les jokuts de l’Hécla ; que dans tous deux le haut sommet est tranquille ; que celui du Vésuve s’est prodigieusement abaissé, et que probablement ceux de l’Etna et de l’Hécla étoient autrefois beaucoup plus élevés qu’ils ne le sont aujourd’hui.

Quoique la topographie des volcans, dans les autres parties du monde, ne nous soit pas aussi bien connue que celle des volcans d’Europe, nous pouvons néanmoins juger, par analogie et par la conformité de