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THÉORIE DE LA TERRE.

tinue dans toute sa hauteur, et l’on n’y voit point d’articulations. De même lorsque, par une explosion, il s’élance du torrent de lave quelques masses isolées, cette masse prend alors une figure globuleuse ou elliptique, ou même tortillée en forme de câble ; et l’on peut rappeler à cette explication simple toutes les formes sous lesquelles se présentent les basaltes et les laves figurées.

C’est à la rencontre du torrent de lave avec les flots et à sa prompte consolidation, qu’on doit attribuer l’origine de ces côtes hardies qu’on voit dans toutes les mers qui sont au pied des volcans. Les anciens remparts de basalte, qu’on trouve aussi dans l’intérieur des continents, démontrent la présence de la mer et son voisinage des volcans dans le temps que leurs laves ont coulé : nouvelle preuve qu’on peut ajouter à toutes celles que nous avons données de l’ancien séjour des eaux sur toutes les terres actuellement habitées.

Les torrents de lave ont depuis cent jusqu’à deux et trois mille toises de largeur, et quelquefois cent cinquante et même deux cents pieds d’épaisseur ; et comme nous avons trouvé par nos expériences que le temps du refroidissement du verre est à celui du refroidissement du fer comme 132 sont à 236[1], et que les temps respectifs de leur consolidation sont à peu près dans ce même rapport[2], il est aisé d’en conclure que, pour consolider une épaisseur de dix pieds de verre ou de lave, il faut 201 2159 minutes, puisqu’il faut 360 minutes pour la consolidation de dix pieds

  1. Voyez le Mémoire sur le refroidissement de la terre et des planètes.
  2. Voyez ibid.