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THÉORIE DE LA TERRE.

qu’il fondit deux fois de suite le suif qui étoit au bout du plomb. Le pilote observa encore de ce côté là, que la fumée sortoit d’un petit lac borné d’une dune de sable. L’île est à peu près ronde, et assez haute pour être aperçue de sept à huit lieues dans un temps clair.

» On a appris depuis par une lettre de M. Adrien, consul de la nation françoise dans l’île de Saint-Michel, en date du mois de mars 1722, que l’île neuve avoit considérablement diminué, et qu’elle étoit presque à fleur d’eau, de sorte qu’il n’y avoit pas d’apparence qu’elle subsistât encore long-temps[1]. »

On est donc assuré par ces faits et par un grand nombre d’autres semblables à ceux-ci, qu’au dessous même des eaux de la mer les matières inflammables renfermées dans le sein de la terre agissent et font des explosions violentes. Les lieux où cela arrive sont des espèces de volcans qu’on pourroit appeler sous-marins, lesquels ne diffèrent des volcans ordinaires que par le peu de durée de leur action et le peu de fréquence de leurs effets ; car on conçoit bien que le feu s’étant une fois ouvert un passage, l’eau doit y pénétrer et l’éteindre. L’île nouvelle laisse nécessairement un vide que l’eau doit remplir ; et cette nouvelle terre qui n’est composée que des matières rejetées par le volcan marin, doit ressembler en tout au Monte di Cenere, et aux autres éminences que les volcans terrestres ont formées en plusieurs endroits ; or, dans le temps du déplacement causé par la violence de l’explosion, et pendant ce mouvement, l’eau aura pénétré dans la plupart des endroits vides, elle aura éteint pour un temps ce feu souterrain. C’est apparemment

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