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THÉORIE DE LA TERRE.

conduit longitudinal de la pointe de l’oursin. Il y a en Bourgogne, dans un lieu appelé Ficin, à trois lieues de Dijon, une pierre rouge tout-à-fait semblable au porphyre par sa composition, et qui n’en diffère que par la dureté, n’ayant que celle du marbre, qui n’est pas, à beaucoup près, si grande que celle du porphyre ; elle est entièrement composée de pointes d’oursin, et elle est très considérable par l’étendue de son lit de carrière et par son épaisseur : on en a fait de très beaux ouvrages dans cette province, et notamment les gradins du piédestal de la figure équestre de Louis-le-Grand, qu’on a élevée au milieu de la place royale à Dijon. Cette pierre n’est pas la seule de cette espèce que je connoisse : il y a, dans la même province de Bourgogne, près de la ville de Montbard, une carrière considérable de pierre composée comme le porphyre, mais dont la dureté est encore moindre que celle du marbre. Ce porphyre tendre est composé comme ce porphyre calcaire, et il contient même une plus grande quantité de pointes d’oursins, et beaucoup moins de matière rouge.

En Toscane, dans les pierres dont étoient bâtis les anciens murs de la ville de Volaterra, il y a une grande quantité de coquillages, et cette muraille étoit faite il y a deux mille cinq cents ans[1]. Les marbres antiques et les autres pierres des plus anciens monuments contiennent donc des coquilles, des pointes d’oursins, et d’autres débris des productions marines, comme les marbres que nous tirons aujourd’hui de nos carrières. Ainsi on ne peut pas douter, indépendamment même du témoignage sacré de l’Écriture-Sainte, qu’a-

  1. Voyez Stenon in prodromo Diss. de solido intra solidum, page 63.